Besoin d'avis sur projet de reconversion

Bonjour,

Je me présente, Thibaut, 29 ans je suis d’Alsace (du val de Villé), J’ai bien parcouru votre forum très intéressant et professionnel. Je suis en phase de réflexion depuis une petite année pour me réorienter professionnellement, au fil du temps je trouve des réponses et d’autres questions…

Pour le moment je travaille dans l’industrie en tant qu’ouvrier. Je suis pluriactif puisqu’à coté j’élève une dizaine de broutards salers à l’engraissement en système extensif à base d’herbe sur quasiment 7 Ha en bio. Toute ma viande est vendue en direct en caissette de 10kg (transformés dans un atelier aux normes etc…) à des gens comme vous et moi. Depuis une dizaine d’années je produis mes propres pommes de terre, je vends le surplus, j’en suis aujourd’hui à 9 ares de champ de pomme de terre que je vends aussi en sacs de 10kgs aux particuliers (en bio of course).

Comme tout le monde, je n’ai que 24h dans une journée, elles finissent par être longues et il y a de la demande au niveau vente. D’un autre coté, l’industrie stressante et ses objectifs financiers qui placent la barre toujours plus haut pour finalement oublier la dimension humaine d’une entreprise me dégoute toujours un peu plus et ne fait que renforcer le fait que dans ma tête je suis cultivateur. Pourtant on sait bien que l’élevage d’engraissement paye tout juste les mensualités pour les machines et assurances etc (surtout sur un aussi faible volume)… mais ne laisse pas un sou de coté (c’est un hobby en gros).

Ca parle de licenciement économique dans mon entreprise et j’ai la possibilité de prendre 2.4Ha l’année prochaine juste à coté de mes terres (tout les 9.4 Ha sont bien groupés à l’arrière de mon bâtiment).
Mon idée serait de revendre mes bêtes et d’acheter 7 vaches (2 holsteins et 5 montbéliarde) et de faire de la transformation laitière, donc fromages et yaourt. Le tout vendu en direct (pour moi la case marché-magasins semble obligatoire, je ne suis pas sur une voie « passante »).

J’avais un moment donné pensé à prendre genre 30 chèvres, faire la transfo et la vente, mais je ne connais pas cette bête (bon ca s’apprend) je ne suis pas trop fan du fromage de chèvre, et il y a de la concurrence en producteur fromager, alors je ne suis pas chaud la dessus. En transformation fermière avec des vaches il y en a aussi mais je pense qu’on peut toucher un public plus large.

Pour revenir à mes moutons… mes vaches pardon, je pense dans un premier temps faire quelques veaux de lait pour « assurer » un revenu parce que de 1 : je n’arriverais pas à me faire une clientèle pour vendre tous les fromages d’un coup et de 2 : qu’il y a une forte demande en veau de lait mais de qualité.

A coté de ca, je pense qu’il faut augmenter la surface de pomme de terre à maxi 20ares (en gros doubler la surface que j’ai) parce que la clientèle est la et que l’activité dégage une bonne marge.

J’ai en tête de faire un petit peu de fruits rouges (fraise, frambroise), a tout casser quelques ares, pour aromatiser les yaourts à moindre cout. Voir si ca vaut le coup.

Je pense aussi à ramasser les pommes d’arbre pour faire du jus (dans un atelier a part) et le vendre, mais c’est juste un plus, si j’ai le temps.

Sur le papier avec 9.4Ha , 4500L de lait par vache en moyenne (en enlevant la consomation des veaux, e table sur environ 30000L de lait à transformer), l’affaire tient debout en dégageant un peu plus qu’un SMIC (je suis parti sur une cotisation sociale de l’ordre de 7000€ ca suffit ?). Au niveau temps je ne suis pas sur que j’arrive à faire ca tout seul et je n’ai pas la demi SMI (qui serait de 12,5 Ha) alors je me demande s’il existe des dérogations à cette demi-SMI (pour avoir les protections sociales).

Alors, je vois que beaucoup de personnes sont tombées sur de nombreux os, que pensez-vous de mon projet ? Dans son ensemble ou sur certains détails.

Le plus difficile sur ce projet c’est de savoir s’il y aura une clientèle ou si le marché est saturé, comment avez-vous fait pour ceux qui se sont installés en transfo ? Pensez vous que le point info installation aye des données sur les marchés porteurs ou saturés ?

Je précise qu'en batiment et machines j'ai de quoi être autonome.

Je me laisse encore un temps de réflexion et je prévois de rencontrer un technicien de ces fameux points infos installation. De toute manière, pour moi, avant de m’installer, il faudra que je me forme pour avoir le BPREA et un minimum de connaissances, vu que je ne connais pas la partie traite et transformation. Quant aux DJA, je ne sais pas quoi penser, si ce n’est que c’est quasiment indispensable pour se financer un petit bâtiment fonctionnel, mais ca oblige à ne pas se louper (admettons que je n’arrive pas à vendre mes frometons, je ne peux plus rebrousser chemin !!!)

Merci d’avoir lu mon paté de lettre et qu’une petite discution m’aide à avancer (ou a garder les yeux en face des trous …)

Bonjour,

Je précise que je suis seul.
Je rajouterais aussi que dans le batiment, la seule chose a rajouter est la fromagerie, je suis assez bricoleur donc je peux faire une bonne partie en auto construction.

Cordialement,

Bonjour.
Mais, ... j'ai tout lu.
Une reconversion, une de plus.
Depuis un moment, on en a vécu un grand nombre.
Et on peut chercher pourquoi certaines n'ont pas aussi bien réussi que d'autres.
L'investissement, oui , c'est une question importante.
En temps de travail. Quand on entend les stagiaires demander si l'on fait plus de 35 heures... (Les journées  n'ont que 24 heures) Evidemment que c'est plus du double.
Et cette histoire de DJA, avec ses contraintes: investir dans du neuf pour faire le bonheur des "boîtes", maintenir l'exploitation pendant 5 ans. (Les prêts sont à des taux si bas, qu'il faut y penser)
Et une troisième problématique : quand c'est un couple, ou une équipe d'associés, pendant combien de temps l'unité va-t-elle subsister ? (Tout seul, pour tout faire,.... ?)

salut,
Surtout n'oublie pas que la partie transformation ne s'invente pas.. Le bénéfice de tout ton travail en amont se réalise ici..Il va falloir te former ..Souvent les clients pensent pouvoir fabriquer eux même leur fromages et yaourts, et quand ils viennent me voir pour comprendre pourquoi ils ne réussissent pas: je leurs répond toujours "c'est un métier !" Donc avant de te lancer et de changer tout ton système, je te conseille de te rapprocher des centres fromagers afin de faire des formations sur les technologies qui t'interessent..

Bonsoir,

Merci pour vos réponses. Comme vous le sentez, le projet reste à murir...

Lor 0055,

Quand je parle que les journées n'ont que 24h, je ne demande pas a faire 35h, et pour preuve je les fais à l'entreprise et après les heures de la ferme, je pense etre plus proche de 60-70h par moments. De ce coté la, je n'ai pas de problèmes, bosser ne me dérange pas. Mais un moment donné, bosser pour soi à temps plein permet a mon sens de mieux gérer son temps (bien qu'il y a l'astreinte de la traite, de la transfo et de la vente) et de travailler différement.

Vous semblez peut etre sceptique sur le fait que je fasse tout tout seul ?

Bananou,

Oui, faire la transformation ne s'invente pas, c'est pour ca que je souhaite me former, mais mon gros soucis est finalement, de savoir si j'aurais des clients ou pas? Et la je ne sais pas comment trouver des éléments de réponses. Je ne peux pas investir dans un atelier de transformation, et finalement ne rien vendre parce que le marché est saturé !

Il est vrai qu'on a du mal à rester objectif lorsqu'on réfléchi sur ce genre de projet, des personnes plus expérimentées comme vous verront peu être les choses différemment, ces avis m'intérressent parce qu'ils peuvent mettre le doigt sur des problèmes que je ne vois pas.

Merci encore pour vos avis,
Cordialement,

Citation :

Lor 0055,
Vous semblez peut-être sceptique sur le fait que je fasse tout tout seul ?

Bonsoir.
Sceptique, oui. J'en ai rencontré, et vais encore en croiser, qui seuls, sont débordés. On ne peut pas, traite, distribuer la bouffe, être aux champs, et dans la fromagerie, en même temps. Et en plus assurer la vente.

Citation :

Mais mon gros souci est finalement, de savoir si j'aurai des clients ou pas? Et là, je ne sais pas comment trouver des éléments de réponses. Je ne peux pas investir dans un atelier de transformation, et finalement ne rien vendre parce que le marché est saturé !

C'est complexe, et un audit, ça coûte cher.
Il faut, s'informer, dans la région, par des enquêtes, par des visites de marchés, par des visites d'exploitations qui tournent. Discrètement, ou carrément, parce qu'on a trouvé un cédant sympa.... Mais attention aux Chambres d'Agriculture; leurs prestations sont intéressées,

Peut être pourrais tu te rapprocher d'une école de commerce ou d'une université qui pourrait te faire ton étude de marché ? les étudiants sont souvent à la recherche d'idée : ma fille l'année dernière en licence AES à fait une étude de projet pour une boulangerie drive ..

Merci pour vos avis, je vais y réfléchir. Ce qu'il faut que j'évite, c'est de trop me diversifier, je risque de vouloir de tout faire, mais mal...
Il faut principalement que je regarde la partie clientèle et voir ce qui est possible ou pas.

Si d'autres personnes ont des avis, n'hésitez pas!

Cordialement,

Bonjour,
la DJA, c'est sûr que c'est une sacré pression.
J'ai un certain nombre d'anciens stagiaires (je suis formatrice en CFPPA sur du BP REA) qui ont décidé de laisser tomber après avoir entamé le parcours, et qui ont fait sans DJA au final.
La DJA n'est pas la seule aide financière possible, et pour ton bâtiment/ton atelier transfo par exemple, va voir là:
aide projets agricoles alsace

Par ailleurs, pour ton probleme de SMI, si tu fais des pommes de terre, cette surface compte en légumes de plein champs, pour laquelle la SMI n'est pas la même que pour une activité d'élevage.
Le coefficient devrait être, d'après mes rapides recherches, de 4, cad qu'un hectare de pommes de terres vaut 4 hectares de polyculture élevage.
D'ailleurs, la SMI va être remplacé par l'AMA:

Nouveau seuil minimal exigé pour la reconnaissance de l’activité agricole, qui remplace la surface minimum d’installation (Smi). Ce changement permettra de mieux prendre en compte la diversité des activités agricoles (transformation, commercialisation, tourisme…), notamment pour l’installation de nouveaux agriculteurs. »

il y a aussi ça: (loi d'avenir pour l'agriculture, 11 septembre 2014)
Création d’un dispositif d’installation progressive

« Afin de faciliter l’accès aux responsabilités de chef d’exploitation, il est instauré, dans des conditions fixées par décret, un dispositif d’installation progressive mis en place sur une période maximale de cinq ans. »

« Les personnes qui bénéficient du dispositif d’installation progressive et dont les revenus professionnels sont au moins égaux à l’assiette forfaitaire applicable aux cotisations d’assurance maladie, invalidité et maternité minorée de 20 % ou dont la superficie mise en valeur est supérieure au quart de la surface minimale d’assujettissement sont affiliées, sur leur demande, au régime de protection sociale des personnes non salariées des professions agricoles. »

N'hésite pas si tu as d'autres questions!

Ah si, encore un truc pour le calcul des cotisations sociales autrement qu'au pifometre:

Les taux applicables dans les différentes branches en 2013 sont les suivants :
−10,84% en assurance maladie (AMEXA) dont 8,17% en part technique et 2,67% en part
complémentaire
−3,26% en assurance vieillesse individuelle (AVI) dans la limite du plafond de la sécurité sociale
−11,31% en assurance vieillesse (AVA plafonnée) dans la limite du plafond de la sécurité sociale
−1,64% en assurance vieillesse (AVA déplafonnée)
−3% en retraite complémentaire obligatoire (RCO) pour 2012
−5,40% en prestations familiales
−pour l'assurance contre les accidents du travail et les maladies professionnelles (ATEXA), les montants forfaitaires varient, en fonction de l'activité exercée, entre 411,33€
et 447,10€ (pour 2012)

−8% en CSG/CRDS dont 7,5% en CSG et 0,5% en CRDS.
Pour certaines cotisations, le montant de celles-ci ne peut être inférieur à la cotisation qui serait calculée sur un revenu égal à:
−800 SMIC pour la cotisation AMEXA
−800 SMIC pour la cotisation AVI
−600 SMIC pour la cotisation AVA (plafonnée et déplafonnée)
−1820 SMIC pour la cotisation RCO
SMIC veut ici dire SMIC horaire, en gros 800 SMIC correspond à un minima de 8000€

Doc, tu prends ton bénéfice (réel ou forfaitaire, il faudra choisir) pour calculer tes cotisations prévisionnelles, en respectant les minimas indiqués ci dessus.

bonjour,
ce "dispositif d'installation progressive" sur 5 ans semble être une nouvelle mesure, non ?
as-tu d'autres détails, ainsi que des infos sur l'AMA, qui remplacerai la SMI...
ou puis-je trouver les données pour l'élevage (brebis) ?
en fin de contrat normalement en Aôut 2016, je songe peut-être à l'installation (progressive !) pour aprés, car j'ai déjà un B.P.A polyculture/élevage, et une petite expérience...
des conseils

Je crois bien que si on fait de la vente directe on doit passer au reel obligatoirement quelque soit le CA
La 1ere annee la MSA invente un revenu (assez haut) en attendant la 2eme annee
par contre elle applique des ristournes les 1eres annees
A moins que l'Alsace ne suivent pas les memes regles pour ces domaines

Bonsoir,
dans mon département, nous sommes au forfait pour les éleveurs caprins.

manech a écrit:

.... une nouvelle mesure, non ?
.... d'autres détails, ainsi que des infos sur l'AMA, qui remplacerait la SMI...

Bonsoir.
C'était dans la presse agricole, la semaine passée.
Lis cette page de la France Agricole.
Et, à la suite, le commentaire d'un lecteur, dans ton cas.

gilles63 a écrit:

Je crois bien que si on fait de la vente directe on doit passer au reel obligatoirement quelque soit le CA
La 1ere annee la MSA invente un revenu (assez haut) en attendant la 2eme annee
par contre elle applique des ristournes les 1eres annees
A moins que l'Alsace ne suivent pas les memes regles pour ces domaines

En recherchant l'info
ICI
seul les agris vendant de la viande en direct ne peuvent etre au forfait
.
"Attention, certains exploitants ne peuvent jamais être soumis au régime du forfait. Il s'agit :

•des personnes effectuant des opérations commerciales sur les animaux de boucherie et de charcuterie."
.
Pour les ventes de fromages rien n'est dit->forfait possible

Bonsoir,

Allez, quelques réflexions, à l'arrache:

- Fiscalité: forfait, oui, c'est possible
- DJA bien pour la tréso mais prêts à taux bonifiés = gros pièges. Obligation d'acheter du neuf, donc + cher, pour un taux pas forcément beaucoup plus intéressant.
- Tout faire tou seul..... Naaaannnn !!!! comme le dit LLor on ne pleut pas être à la traite, sur l'elevage, la transformation, la commercialisation....; il y a forcément un truc qui va pas suivre (j'ai testé et en plus je n'avais pas les travaux du sol)
- couple, ça peut marcher mais pas chez tout le monde, associé..... il parait que ça peut marcher mais perso..... je n'y croi plus, que ça soit par rapport à mes expériences ou à celles de collègues qui ont testé et ne le recommande pa.

Mais tous les avis sont bons à étudier.

C'est intéressant cette réflexion sur le "on peut pas tout faire", mais en même temps "à deux j'y crois plus".
En couple, je vois bien le topo: toutes les difficultés rencontrées au quotidien ne s'en ressentent que plus dans la gestion de l'entreprise, surtout si ça va mal...
Mais alors, on fait comment?

Pour les prêts bonifiés, en zone non défavorisée, je crois qu'effectivement, ça ne vaut pas forcément le coup. Récemment, j'ai suivi une instal avec prêt "classique" à 2.6%, contre 2.5% en prêt bonifié... et sans la contrainte de l'achat du neuf. Mais je crois savoir qu'on a droit à 30% de matériel d'occasion, quand même?