expériences de reconversions

Bonjour,

Afin de se faire une idée des reconversions réussies (ou pas), j'ouvre ce sujet destiné à recueillir les expériences des un-e-s et des autres qui, comme nous, ont décidé de se lancer dans un projet de reconversion dans le monde agricole (pour nous élevage caprin avec transformation fromagère).

Quels sont les obstacles fréquents ?
Vous qui êtes installés, votre vie correspond elle à celle que vous aviez imaginé ? Comment avez vous procédé, achat de terres "vides", reprise d'exploitation… ?
Avez vous connaissance de projets ayant échoués ? pour quelle(s) raison(s) ?
Pour ceux qui ont marchés, depuis combien de temps ça dure ?
Dans la vraie vie, deux jeunes "quadras" non issus du monde agricole peuvent ils réussir ?
etc…

Merci

Nenette a écrit:

Dans la vraie vie, deux jeunes "quadras" non issus du monde agricole peuvent ils réussir ?

Bonsoir.
Que personne n'ait voulu témoigner, au travers des échanges du forum, c'est étonnant.
Mais vous résumez très bien le problème, dans cette dernière phrase.
.
C'est vrai qu'en quelques années, on en a vu des projets de reconversion. Certains ont très bien réussi, et même mieux que ce que l'on aurait pu imaginer. D'autres, on sombré.
Les causes ont été de plusieurs ordres.
Des rêveurs, non préparés, voyant ce monde de la "nature" sans penser aux contraintes. Des jeunes, avec un premier voeu : "les primes". Combien sont encore là ?
Des plus solides, bien formés, ou au moins volontaires... avec les pieds sur terre, pour qui tout semblait bien engagé... mais qui ont eu des déboires :
( Depuis longtemps dans le monde agricole) Listéria sur le lait ...  grosses difficultés pour s'en sortir... Impossible de bien redémarrer la fromagerie. Arrêt désolant.
Epidémie ... perte du cheptel, ... Abandon aussi, et reconversion.
Et des associations qui semblaient constructives, .. plusieurs... qui se sont soldées par la dissolution des entreprises.
Certains habitués du forum savent à qui je fais allusion. Ils étaient très sympas... et le sont encore.
Mais ne soyons pas pessimistes. Les reconversions, qui sont des réussites, vous en trouverez en feuilletant les centaines de posts.
Des plus de quarante ans, et donc sans les fameuse DJA., il y en a:
Un Directeur National de la Safer, qui fait de la fourme d'Ambert.
Des infirmières, des enseignants, des militaires .... qui se reconnaîtront également.

Re bonsoir;
et pendant une pause du match, face à la Serbie... je vous en remets une couche.
Sachez que , quand on lit les propos de certains candidats, dont les propos écrits mettent en évidence un évident niveau scolaire, ou de formation ... de bagage utile, sinon indispensable, on imagine que l'aide qu'on leur donnera se soldera par un échec.
Les stagiaires qui n'aiment pas montrer leurs rapports, de crainte de nous voir corriger... me font bouillir. "Comment leurs enfants s'en sortiront-ils ?"
Combien de couples, ne réussiront pas à se serrer les coudes dans les moments difficiles, quand il faudrait affronter les pépins, à deux ?
.
Et, revenons à vos questions :
"Vous qui êtes installés, votre vie correspond elle à celle que vous aviez imaginé ?"
Réponse: No comment !
"Comment avez vous procédé, achat de terres "vides", reprise d'exploitation… ?"
Une grande partie des terres familiales, mais tout le reste en auto construction et montage  de l'entreprise en couple.
Mais, ceci, c'est nettement plus risqué qu'une reprise, clefs, recettes, et clientèle, en mains. (Et deux mains droites !)
"Pour ceux qui ont des marchés, depuis combien de temps ça dure ?"
Une dizaine d'années, et le départ, à tous les deux, à 5 h 30 du matin , ne nous arrête pas. Et, entendre, et voir les revendeurs se réjouir, de pouvoir profiter du savoir-faire, et de la passion, des producteurs.... ça me fait dresser les poils de la barbe. Donc, nous privilégions la vente directe, et nos consommateurs en connaissent les raisons.
Que les contestataires se manifestent.

Bonjour Nenette,
dans ma région, il faut compter 3 ans pour se faire une clientèle en vente directe, les plus beaux marchés sont déjà pris par des producteurs anciennement installés avec une clientèle fidèle.
Pour moi, c'est un métier passion et on ne compte pas ses heures, surtout si vous n'habiterez pas sur l'exploitation, c'est une contrainte supplémentaire.
Il y a trop de paramètres pour apaiser vos interrogations.

Bonjour, c'est vrai que certains galèrent, un peu ou beaucoup, les premières années. Mettre ses pas dans ceux de quelqu'un qui vous accompagne, ce serait l'idéal. Dans votre secteur, il y en a peut-être.
Mais j'ai un exemple, un jeune chevrier, mais pas très jeune, qui a commencé à produire en mai-juin 2011, dans un coin perdu entre le 35 , le 22 et le 56, on appelle ce secteur la Forêt de Brocéliande, c'est beau, mais c'est la lande peu habitée.... Il s'est pointé, pour le premier marché de sa carrière, en été, comme passager, sur le premier marché alimentaire de France, à Rennes... je lui ai conseillé de se mettre juste à côté de moi, il a branché sa vitrine, sur ma prise, et je lui ai envoyé tous mes consommateurs, qui me demandaient un chèvre frais, alors que je ne fais que de la brebis, et d'autres aussi. Il a été dévalisé. Et depuis, il a plus que doublé son troupeau.
Donc, on peut débarquer, et ça marche de suite.
Je crois bien que le principal élément dans une telle aventure, c'est la solidité de l'équipe. Un couple incertain, des associés peu soudés, c'est mortel. On a assez de subir les pressions d'organismes parasites et de voisins jaloux et méprisants.

Bonjour Lor055,
on est d'accord, votre marché était bien dépourvu de chevrier, et si il y avait eu des confrères déjà en place depuis assez de temps pour avoir fidélisé une clientèle, dans ce contexte pensez-vous qu'il aurait eu  un succès aussi rapide ?

Ah. Sur ce marché, célèbre, des Lices, à Rennes, il y avait, et il sont toujours là, plusieurs producteurs chevriers, connus, confirmés, deux très gros transformateurs dits fromage artisanal, au moins 5 gros revendeurs dans l'immense halle, plus 4 ou 5 camions magasins revendeurs.
Et, le nouveau, maintenant, il a la queue...
Un bon produit fidélise les consommteurs. Les producteurs ont parfois... énormément de plaisir à travailler. Ils ne prennent pas beaucoup de vacances...

RE,
alors dans ces conditions félicitations !
La recherche de la qualité est aussi mon leitmotive, on est récompensé de tous nos efforts par un retour enthousiaste des clients, qui conforte ainsi nos choix de production fermière.

Bonsoir.
Pour Nenette, que l'on essaie de suivre depuis le début du rêve, avez-vous fait le tour de tout ce qui doit être prévu avant de sortir le premier fromage?
L'aménagement des bâtiments, pour votre cheptel .
Le cheptel lui-même qu'il faut trouver sans prendre les risques de tout perdre. On a expliquer comment des microbismes, non déclarés, vous décime le troupeau quand on mélange les bêtes.
Prévoyez vos clôtures, pour ne pas avoir d'histoires, de voisinage.
Une saison se prépare l'année précédente pour l'alimentation;
60 chèvres, c'est plus de 60 bottes de foin de 250 kg, donc 15 tonnes au minimum. Et du bon, sinon c'est gravement raté. Chiffrez. 
Entraînez-vous à faire du lactique en achetant du lait, si besoin, dès cet automne, .. attendez qu'il fasse moins chaud.... Vous ferez goûter à vos proches... Le bouche à oreilles fera le reste.
C'est un peu comme ceci, qu'un certain Jonathan a commencé, en Belgique.
Vous allez comprendre, comment aménager des locaux simples, à partir de ce que vous avez, pour commencer. En pensant aux possibilités d'agrandir à la demande.
Des plans circulent sur le forum. Vous avez le droit de vous en inspirer.

Si ce n'est pas déjà fait, tu as notre expérience relatée sur notre blog, du début de la formation à aujourd'hui, même si c'est bien moins fourni ces dernières années.
Je dirais que tout est possible, y compris ce qui ne parait pas évident, mais comme pour implanter une prairie (parce que je suis en plein dedans en ce moment, c'est la première fois que je fais tout tout seul), il faut que la terre soit favorable, enrichie si elle ne l'est pas assez, qu'elle ait été préparée correctement, avoir le matériel adapté, qu'on soit à la bonne saison, dans le bon créneau, et qu'il pleuve au bon moment (ça, c'est pour la partie chance).

Bonjour

vos diverses réponses, en MP ou sur la toile publique sont encourageantes.
Nous continuons à parcourir ce forum et d'autres sources d'informations.

Ce week end, nous sommes allés dans une ferme qui ressemble à ce que nous voulons faire. C'était la fête de la confédération paysanne, ce qui a permis de faire d'utiles et agréables rencontres.

On nous a orienté, en parallèle de la chambre d'agriculture, vers l' ADEAR qui semble être un précieux conseil pour construire le projet à taille humaine que nous souhaitons.

Bref, on continue nos recherches, contacts. Et on va se lancer dans des tests (comme le conseille lor0055), à la maison, de fabrication de fromages. ça coute pas grand chose. Au pire, on perdra nos futurs potentiels clients !

Bonjour à tous,

En quelques lignes, je vais vous raconter notre parcours.
Nous sommes en fin de parcours d'installation, nous passons en CDOA le 30 octobre 2014.

Nous sommes en stage de reprise sur notre future exploitation depuis le 01 août 2014.
Officiellement l'exploitation nous appartient courant novembre.(déblocage des fonds - passage chez le notaire...)

C'est une exploitation en brebis laitière, vente en circuits courts, qui se trouve dans la LOIRE - 42

Auparavant nous étions en SAVOIE.
Mon homme depuis des années (10 ans) était salarié en tant que berger / fromager avce tous les dipômes requis.
Pour ma part, je fais partie de la fonction publique hospitalière (aide-soignante).

Ce projet, se mûrit, se prépare, on à mis deux ans à trouver notre bergerie.
Pas facile quand on à des attentes.
On voulait une exploitation qui tournait déjà, en vente directe, géographiquement bien situé... Bref pas mal de critères.
Et par chance, avec de la patience on à fini par trouver.

Les cédants arrêtent pour état de santé qui n'est plus en adéquation avec le métier. Le mari à une leucémie.

Nous avons mis en relation dès le début avec l'ADDEAR de la Loire qui nous aider dans le projet.
Le parcours à été vite monter à cause de l'état de santé de monsieur.
Et le stage de reprise à permis aux cédants de lâcher prise. et nous de nous familiariser plus vite.

Voilà ce que je peux dire. Par contre la banque nous suit parce que mon homme à de l'expérience, les diplômes, etc...
Nous reprenons la bergerie, le matériel, les stocks ... et la maison.

Si vous avez des questions, nous pourrons y répondre.
Je pourrais vous dire pleins de choses...
Cela fait une année qu'on est en parcours d'installation, donc on peut vous renseigner.

Merci en attendant et bonne journée à tous.
cordialement
Kévin & Cécilia

Bonsoir,

En ce qui me concerne, reconvertion qui aurait pû être ce qu'on espérait et qui a finit par une liquidation judiciaire; les raisons sont nombreuses mais les points essentiels sur lesquels je conseille d'être vigilant sont: 1, habiter sur place, 2- avoir suffisemment d'espace autour pour sortir le troupeau toute l'année, même si on n'a pas de terre cultivable et qu'on doit acheter le fourrage, 3- être prêt à fonctionner et vendre dès qu'on a le troupeau et ne pas perdre la 1ère année et enfin 4-.... je ne conseille pas les associations.

Voilà pour un résumé.

Maintenant je bosse dans une usine d'embouteillage, il me reste une chèvre et mon bouc et je regrette amèrement de n'avoir pas pu continuer, surtout quand je croise des clients qui me disent que mes produits leur manque ....

Bonne chance et bonne continuation à tous.... je continue de venir sur le forum et continuerai de donner des conseils si je peux...

tu as bien résumé le problème
être sur place et chèvre en pâture me semble indispensable,

un autre point, à l'installation, la formation concernant l'élevage est souvent faible, il faudrait connaitre au minimum une année complète sur un élevage, et c'est même très peu,  
et de deux
la formation concernant les cultures (principale source de l'alimentation), même si ça ne concerne que des prairies, est quasi nulle pour tous ceux (presque tous) qui sont hors cadre agri
cette méconnaissance est à mon avis un gros problème,

beaucoup de soucis proviennent de là,
état corporel des animaux, lactation, transfo, ,,,,, finance  

il faut impérativement se former dans ce domaine  

louper un semis, mauvaise gestion, entretien des pâtures/herbe haute mais de très faible valeur ou surpaturage, avoir du foin de mauvaise qualité, etc... c'est la production annuelle qui s'en ressent, des problèmes sanitaires assurés, un caillé hs tu peux corriger le lendemain, pour les cultures c'est l'année suivante
j'ai vu plusieurs fois du foin fait en aout alors qu'il aurait du être fait en juin    et m'entendre dire que : "comme ça il est bien sec" ou mettre des chèvres sur les landes parce qu'elles aiment ça, c'est haut, c'est bien vert,mais ça n'apporte même pas la ration d'entretien, pour la lactation ben c'est plus que nul, les frais fixes eux ne baissent pas  

marianne a écrit:

tu as bien résumé le problème
être sur place et chèvre en pâture me semble indispensable,

un autre point, à l'installation, la formation concernant l'élevage est souvent faible, il faudrait connaitre au minimum une année complète sur un élevage, et c'est même très peu,  
et de deux
la formation concernant les cultures (principale source de l'alimentation), même si ça ne concerne que des prairies, est quasi nulle pour tous ceux (presque tous) qui sont hors cadre agri
cette méconnaissance est à mon avis un gros problème,

beaucoup de soucis proviennent de là,
état corporel des animaux, lactation, transfo, ,,,,, finance  

il faut impérativement se former dans ce domaine  

louper un semis, mauvaise gestion, entretien des pâtures/herbe haute mais de très faible valeur ou surpaturage, avoir du foin de mauvaise qualité, etc... c'est la production annuelle qui s'en ressent, des problèmes sanitaires assurés, un caillé hs tu peux corriger le lendemain, pour les cultures c'est l'année suivante
j'ai vu plusieurs fois du foin fait en aout alors qu'il aurait du être fait en juin    et m'entendre dire que : "comme ça il est bien sec" ou mettre des chèvres sur les landes parce qu'elles aiment ça, c'est haut, c'est bien vert,mais ça n'apporte même pas la ration d'entretien, pour la lactation ben c'est plus que nul, les frais fixes eux ne baissent pas  

Entièrement d'accord avec toi Marianne.
La gestion de l'herbe et même sa culture est un élement indispensable, sauf que l'herbe a lontemps été considéré comme "poussant" tout seul, ne demandant pas de technicité. Mais l'herbe ça se cultive!! et c'est la base de la réussite. ça dépend sur tout, l'alimentation des animaux, le caillé, et surtout l'herbe c'est ce qui coute le moins cher.

et si on ne produit pas le fourrage soit même, trouver un fournisseur qui s'y connait et en qui on peut avoir confiance niveau qualité...
on est dans ce cas et c'est super de travailler dans ces conditions, le nôtre est un passionné qui essaye toujours d'améliorer sa production (...en qualité, et pas en quantité !! )